mercredi 14 novembre 2012

lettre aux sénateurs


Société                                                                                              Ville  le 8 Novembre 2012

Adresse

 

tél: xxxxxxxxxxxxxxxxxxx

mél: xxxxxxxxxxxxxxxxxx

SIRET: xxxxxxxxxxxxxxx

                                                                                                         

                                                          

                                                                                              Monsieur le Sénateur XXXXXXX

                                                                                              Sénat
                                                                                              Palais du Luxembourg 15 rue de                                                                                                     Vaugirard
                                                                                              75291 - Paris cedex 06


 

Monsieur le Sénateur,

 

Je me permets, en ma double qualité d'opticien diplômé et de citoyen français, d'attirer votre attention sur un projet de loi dangereux pour notre système de santé.


 

Dans un but, à priori louable, de permettre au plus grand nombre de nos concitoyens d'accéder à un niveau de soins optimal, tout en maîtrisant les dépenses de la CPAM mais surtout des OCAM, notre gouvernement semble s'orienter vers des solutions dont les effets néfastes sur l'économie du pays risquent d'être notables.

 

Pour ma part, je me cantonnerai à mon niveau de compétence et de connaissances, à savoir l'optique-lunetterie bien que ce projet de loi mette en cause de multiples médicaux et paramédicaux de proximité.

 

Monsieur le Président de la République François Hollande et Madame la Ministre des Affaires Sociales et de la Santé Marisol Touraine ont clairement exprimé ces derniers jours leur désir de faire évoluer les réglementations et lois dans un sens désiré par les OCAM.

 

A savoir :       

-permettre le développement de réseaux fermés d'opticiens et autres professionnels de santé liés à ces mêmes organismes,

-permettre le remboursement différencié selon que l'adhérent s'orientera dans ou hors de ces réseaux, actions actuellement contraires aux réglementations du Code de la Mutualité.

 

Bien que de nombreuses questions puissent se poser quant aux conséquences sur l'évolution de notre société que cela sous-entend, notamment la perte de la liberté de choix de son fournisseur et autres considérations, j'en resterai, dans ce courrier, aux points d'aspects purement pratiques et qui relèvent de votre compétence en tant qu'élu de la République, législateur et représentant de nos concitoyens.

 

Selon une étude GFK, le marché de l'optique en 2011 représentait 5,703 milliards d'euros, la TVA ainsi générée s'élevait donc à 934 millions d'euros.

L'un des buts en apparence bénéfique de ce projet est de faire baisser le prix moyen des produits fournis d'une façon conséquente, cela générerait mécaniquement une baisse équivalente des recettes fiscales, une telle perte de TVA est-elle une perspective acceptable dans un marché assez stagnant?

 

D'autre part, l'équilibre financier de nombreux magasins d'optique s'en trouverait compromis, et de nombreuses fermetures de points de vente mis en faillite en seraient l'aboutissement.

Si on a constaté par le passé un développement, peut-être abusif, du nombre de magasins par l'acceptation d'une formation de diplômés surnuméraires, le tissu national de la présence de nos boutiques qui en résulte représente l'un des moteurs de la vie locale, même de petites villes sont aujourd'hui dotées d'une offre concurrentielle appréciée des habitants. Le commerce de proximité, tant apprécié de l'ensemble de la population, est, dans notre domaine, une réalité incontestable.

Il génère également des revenus non négligeables à l'économie locale, particulièrement dans les petites villes, qui risqueraient fort de pâtir de son démantèlement et participe au maintient de l'activité dans des zones géographiques parfois peu favorisées.

 

De plus, dans les régions moins desservies en offre cela obligerait les gens à faire plusieurs dizaines de kilomètres pour se rendre chez l'opticien sélectionné arbitrairement, alors qu'ils en ont un plus proche, non agrée.

 

Cela entraînerait aussi le non-choix de son opticien, par affinité, par confiance ou pour son professionnalisme. Les appels d'offre périodiques de ces réseaux, risquant de générer une modification régulière de la liste des opticiens y participant, nuiraient gravement au suivi des bénéficiaires qui souhaitent conserver un professionnel de santé régulier. Ce qui se passe actuellement dans les réseaux des complémentaires privées en est l'exemple même. On peut même craindre à terme que ces réseaux se trouvent constitués des seuls centres mutualistes, détruisant ainsi toute notions de concurrence et de choix.

 

Des études sérieuses montrent que la libre concurrence actuellement en place a permis depuis plus de dix années, qu'à qualité équivalente, les prix de nos fournitures ont baissé. Le panier moyen est resté stable avec une offre qualitative en constante amélioration, gardons confiance en cette capacité régulatrice.

 

Concernant l'avenir de l'organisation de notre métier, il me semble clair que deux projets opposés peuvent se distinguer.

 

L'un, peut-être trop libéral pour certains, permet la liberté de choix, offre des remboursements de frais définis par la mise en place d'un tarif de référence, viable et indexé, comprenant une offre acceptable en terme de qualité. Il laisse le client libre de choisir un équipement plus qualitatif s'il le souhaite en en assumant la différence tarifaire.La plupart des opticiens proposent déjà des offres forfaitaires à tarif modéré répondant parfaitement aux besoins des plus modestes et appliquent les directives concernant les bénéficiaires de la CMU.

Cette solution permettrait à notre profession de préserver son dynamisme actuel dans la qualité et l'innovation.

 

L'autre, même se présentant sous couvert d'apparences généreuses mais purement oligarchiques, est l'encadrement drastique de notre activité. Cela implique irrémédiablement un lissage vers le bas des équipements, à l'instar des pratiques anglo-saxonnes, et la maîtrise des coûts par une optimisation du temps attribué à chaque client. Ce temps est bien l'un des principaux facteurs qui génèrent actuellement les tarifs divers liés à notre activité.

 

Je penche naturellement vers la première solution, qui, d'un point de vue purement économique ne peut être que la plus réaliste. En effet, elle permettrait de conserver non seulement le tissu économique et de proximité de notre profession, mais aussi notre savoir, notre dynamisme et notre innovation, ce qui nous a permis, par exemple, de passer des verres double-foyers aux verres progressifs de dernière génération et à notre pays d'être industriellement leader au niveau mondial.

 

Je vous prie donc, Monsieur le Sénateur, d'intervenir auprès de vos collègues afin que l'ensemble des paramètres soient pris en compte dans leurs décisions à venir. Que la vision partisane et intéressée de certaines instances ne mette pas en péril une profession et un système qui, bien que naturellement perfectible, donnent actuellement satisfaction aux besoins et souhaits réels de la population française, comme le montre l'ensemble des enquêtes réalisées ces dernières années.

 

Je vous invite également, Monsieur le Sénateur, à venir me rencontrer dans mon magasin et son atelier afin que vous puissiez juger par vous-même de l'aspect très technique et très professionnel de notre métier, trop souvent assimilé à la seule vente de lunettes.

 

Dans l'espoir que ma requête retienne votre attention,


Je vous prie d'accepter,
Monsieur le Sénateur, l'expression de mes respectueuses salutations.

 

                                               SIGNATURE