mercredi 24 avril 2013

Enquête UFC sur les "marges exorbitantes" en optique : la profession ne se laisse pas faire et réagit vivement



Enquête UFC sur les "marges exorbitantes" en optique : la profession ne se laisse pas faire et réagit vivement

Hier 23 avril, l’UFC-Que Choisir a publié une enquête à charge dénonçant «les marges exorbitantes des opticiens, de 233% en moyenne», le prix des équipements qui serait «le plus élevé d’Europe» et réclamant la généralisation des réseaux de soins pour faire baisser les tarifs. De nombreux acteurs de la profession, notamment les syndicats, prennent la parole et s’élèvent, dans nos colonnes et dans la presse grand public, contre cette attaque en règle, qui vient s’ajouter aux récentes attaques de Marc Simoncini (Sensee.com) contre le secteur. 



«Trop c’est trop ! Les opticiens en ont marre des attaques médiatiques répétées dont ils sont la cible», affiche depuis hier la Fnof (Fédération nationale des opticiens de France) sur la page d’accueil de son site Internet. Lassé par les assauts répétés de la presse grand public, son président Alain Gerbel n’entend pas en rester là : «la Fédération se réserve le droit de contre-attaquer, y compris sur le plan juridique», nous a-t-il déclaré.

Le Syndicat des opticiens entrepreneurs (ex-Syndicat des opticiens sous enseigne)réagit également vivement. Interviewés par plusieurs médias (RTL, Sud Radio…), ses responsables estiment que cette campagne médiatique se base sur «des affirmations souvent non fondées.» Réfutant les chiffres de l’UFC, son président Christian Roméas précise que la marge brute moyenne en optique est de 63%, la marge nette moyenne s’établissant à environ 5%. «Car les opticiens doivent avoir un matériel très spécialisé, onéreux, et du personnel qualifié.» Il cite une étude Gfk (soit le même institut que celui cité dans l’étude UFC-Que Choisir) comparant les prix de quatre progressifs dans différents pays européens et «montrant que le tarif le moins cher est le tarif français». Alexandra Duvauchelle, déléguée générale du syndicat, souligne quant à elle que la TVA en France est de 19,6% (soit une des plus élevées d’Europe), ce qui renchérit le prix des lunettes, qui sont des «produits de santé sur mesure.» Pour faciliter l’accès aux équipements, le Syndicat des opticiens entrepreneurs préconise ainsi une négociation entre la profession, la Sécurité sociale et les complémentaires santé, pour mettre au point une offre de base.

Dans les colonnes du Progrès, Jérôme Colin, président des Lunetiers du Jura, explique«qu’il est très difficile de comparer les prix de vente de lunettes entre pays européens. En France, depuis toujours, on inclut dans ce prix de vente un certain coefficient qui correspond au travail réalisé par l’opticien en plus de la vente : prendre vos mesures, découper les verres, monter et ajuster les lunettes. Dans certains pays, ce coefficient est réclamé en plus du prix de vente.»

Pour Henry-Pierre Saulnier, président de l’UDO (Union des opticiens)«les excès de certains de nos confrères et les optimisations de facture n’ont pas aidé, mais il ne faut pas tirer en permanence sur les opticiens. Il faut expliquer, déjà, ce qu’est une marge brute, qu’elle est nécessaire au bon fonctionnement d’une entreprise. Par ailleurs, concernant les prix, soulignons que la France est le pays qui vend le plus de progressifs. Aujourd’hui, le comportement des opticiens doit être exemplaire. J’en appelle à leur professionnalisme afin qu’ils se recentrent sut leur métier. La reconnaissance de l’opticien-optométriste aidera à parvenir à une excellence et à de meilleures prestations», nous a-t-il expliqué.

Du côté de l’Association des optométristes de France (AOF), ces attaques médiatiques ne sont pas vraiment étonnantes. «Depuis les années 90, la profession a privilégié le côté commercial, nous sommes devenus des marchands de lunettes. Le résultat est là», regrette son président Philippe Verplaetse, en ajoutant : «en 10 ans, le nombre de magasin a presque doublé. Depuis plus de 30 ans, l’AOF préconise un bac+3 pour la formation d’opticien, ce qui limiterait le nombre de diplômés et celui de points de vente. »

Les acteurs de la distribution s’expriment eux aussi. Hier soir, dans un reportage diffusé au JT de TF1, Alain Afflelou expliquait que ses produits étaient «vendus au même prix dans ses magasins français, belges, suisses, etc» et que, prétendre que les lunettes étaient plus chères en France, «c’est n’importe quoi.» Interrogé par RTL, Philippe Peyrard, directeur général délégué d’Atol les Opticiens, a quant à lui rappelé les spécificités du marché français et «l'excellence du réseau de soins visuel dont bénéficient nos compatriotes, contrairement aux autres pays européens !»
http://opticien-presse.com/news/news_details.php?rubnewsid=3801



L'Opticien Lunetier


Mercredi 24 avril 2013 - 07:18