jeudi 22 novembre 2012

Réseaux de soins agréés : les mutuelles montent au créneau


Réseaux de soins agréés : les mutuelles montent au créneau

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Séverine Sollier | 20/11/2012, 06:14 - 1501 mots
Les deux plus grandes deux grandes mutuelles santé françaises, la MGEN et Harmonie Mutuelle expliquent pourquoi elles bataillent en faveur des réseaux de soins agréés qui sont utilisés par plus de 60% de leurs adhérents.
Depuis quelque jours le ton monte entre des syndicats de médecin et les mutuelles santé. C'est une proposition de loi déposée par le parti socialiste à l'Assemblée nationale qui a mis le feu aux poudres. Ce texte a pour objectif de permettre aux mutuelles santé de procéder à des remboursements plus généreux pour les adhérents qui acceptent de passer par un réseau de soins agréés mutualiste. Cette différence de remboursement étant déjà autorisée pour les assureurs traditionnels et les institutions de prévoyance.

"Cette proposition de loi vise à corriger cette distorsion mais elle est instrumentalisée par un certain nombre d'internes en médecine et de professionnels de santé qui veulent remettre en cause l'existence même de nos réseaux agréés", a estimé Thierry Beaudet, le président de la MGEN lors d'une rencontre avec la presse lundi 19 novembre.
 
Des attaques en régle des syndicat de médecins
De fait, les attaques se sont multipliées la semaine dernière à l'encontre des mutuelles. Le 16 novembre, la CSMF, le premier syndicat de médecins libéraux, avait en effet  réaffirmé dans un communiqué "son opposition totale à tout conventionnement individuel des médecins libéraux par les mutuelles à des fins tarifaires et dont l'effet serait de priver les patients de leur liberté de choix".

De son côté, le Syndicat des médecins libéraux (SML) a déclaré, également le 16 novembre, qu'il « s'opposera à cette mise en place par tous les moyens à sa disposition, notamment en informant le public des dangers de ces réseaux sur l'indépendance indispensable des médecins dans le cadre de leur exercice, et en s'associant aux amendements en cours».
Et dans une interview sur le site du nouvelobs.fr mis en ligne le 13 novembre, un opthalmologiste parisien, David Shapiro vice-président de l'Union française pour une médecine libérale, affirmait  que les mutuelles " ont des bénéfices faramineux" et que la mutualité est le "plus gros propriétaire viticole de France". Il accuse aussi les mutuelles de pratiquer des frais excessifs, dénonce leur opacité et évoque même un "mutuelles gate". La Mutualité a décidé de l'attaquer en diffamation.
Avec les réseaux de soins, les adhérents restent libres...de faire 30 à 40% d'économies
Alors que le texte de la proposition de loi, court et synthétique (lire l'encadré ci-dessous), était présenté comme un simple aménagement technique du Code de la Mutualité, il se trouve désormais au coeur d'un débat passionné et pourrait faire l'objet d'amendements importants visant notamment à lmiter l'activité des réseaux à liste prédéterminée. Pour cette raison la MGEN et Harmonie Mutuelle, les deux plus grandes mutuelles santé française ont décidé de faire de la pédagogie en donnant l'exemple de leurs réseaux respectifs d'opticiens. De son côté la fédération de la Mutualité française s'est employée à dénoncer les idées préconçues et à démêler le vrai du faux dans un article sur les réseaux de soins conventionnés. 
En passant par les opticiens agréés du réseau Kalivia, commun à Harmonie Mutuelle et au groupe Malakoff Médéric, "le reste à charge est réduit de 40 % et son montant moyen est de 60 euros", indique Stéphane Junique, membre du comité exécutif d'Harmonie Mutuelle et président d'Harmonie Services Mutualistes. En d'autres termes, il ne reste que 60 euros en moyenne à régler par l'ahérent après remboursement de la Sécurité sociale et de la mutuelle.
De plus, le coût moyen d'un équipement optique verrres et monture est inférieur de 40% au tarifs habituels du marché, affirme-t-il. Et pour 21% des adhérents d'Harmonie Mutuelle le reste à charge est même de 0 euros, c'est à dire qu'il ne reste à payer de leur poche tout est remboursé par la Sécu et par la mutuelle. Le réseau ouvert en 2011 compte 2 300 opticiens agréés, sélectionnés parmi 5000 qui avaient posé leur candidature sur des critères tarifaires mais aussi sur des critères de qualité (avant et après-vente, formation de l'opticien, garantie d'échange en cas de casse...). "L'objectf n'est pas de cadenasser le réseau mais au contraire d'en intégrer le plus grand nombre dès lors qu'ils répondent à nos critères", indique Stéphane Junique précisant qu'il y a un opticien agréé à moins de 20 km de chaque adhérent.
De son côté, la MGEN a créé en 2008 et renouvelé en 2011, un réseau de 1900 opticiens. "En moyenne les équipements vendus sont 30% moins chers dans le réseau que hors du réseau", souligne Thierry Beaudet avant d'ajouter que "plus le verre est technique, plus la correction est élevée et plus la différence est importante". L'an dernier, 60% des achats d'optique des adhérents se sont réalisés dans le réseau agréé, soit plus de 700 000 équipements achetés, précise encore le président de la MGEN. "Cela signifie aussi que 40% ne vont pas dans le réseau, donc le libre choix est maintenu", insistet-il en réponse aux critiques de certains médecins qui reprochent à la mutuelle de vouloir restreindre l'indépendance des patients et les contraindre à ller voir les praticiens qu'elle a agréés. 
En France les lunettes sont 25% plus chères qu'ailleurs en Europe
"Quand un opticien bien connu explique qu'avec 1 euro en plus on peut avoir deux paires de lunettes supplémentaires...c'est fou ! Ce qui nous intéresse, c'est de proposer une seule paire de lunettes au juste prix car c'est ce dont a besoin notre adhérent : une équipement au juste prix", a martelé Thierry Beaudet faisant référence à la publicité actuelle de l'opticien Alain Afflelou qui promet pour 1 euros supplémentaires deux paires de lunettte en plus de la première achetée. 
Pour sa part, Stéphane Junique d'Harmonie Mutuelle a estimé que "les tarifs et les marges en optique sont exponentiels. En France le tarif est environ 25% plus léevé que la moyenne en Europe. Nous ne voulons pas entretenir une économie de rentes" de situation.  
65% des dentistes sont adhérents au au réseau MGEN-MFP 
Les mutualistes dénoncent également l'activisme de quelques médecins qui ne représenteraient pas l'opinion de l'ensemble de la profession. La MGEN rappelle ainsi qu'elle a constitué son premier réseau d'orthodontie en 1992, complété quelques années plus tard par un réseau de chirurgiens-dentistes sur les prothèses. "Aujourd'hui 25000 chirurgiens dentistes sont adhérents de ce réseau", se félicite Thierry Beaudet, soit 65% de la profession. En 2011,  une couronne céramo-métallique a un coût médian de 550 euros avec un reste à charge pour l'adhérent de 300 euros en dehors du réseau et, dans le réseau, le coût médian passe à 505 euros et le reste à charge tombe à 97 euros. 
"Chaque fois qu'on crée un réseau, on ne baisse pas les remboursements, on les augmente, car d'une part la mutuelle bonifie les remboursements et d'autres part, ceux qui renonçaient aux soins pour des raisons financières, peuvent y accéder", observe Thierry Beaudet. 
 Ce n'est pas un cadeau fait à la Mutualité 
Pour le président de la MGEN, l'objectif reste que "la solidarité s'exerce. Si nous pouvions le faire sans réseau, nous le ferions mais, dans la vie réelle, les remboursements de la sécu ne sont pas suffisants. Donc, nous essayons de limiter le reste à charge". En optique par exemple, la Sécurité sociale ne rembourse que 4% des dépenses, 66% sont remobursés par les mutuelles. "Ce n'est pas un cadeau fait à la mutualité de permettre le remboursement différencié (...) nous essayons de négocier avec les professionnels de santé pour que nos adhérents puissent accéder aux soins tout en limitant leur reste à charge", ajoute-t-il avant de compléter "Cetains médecins considèrent qu'il serait liberticide d'orienter les patients...nous répondons qu'il serait liberticide que certains patients renoncent à se soigner pour des raisons financières ou géograhiques".
Et si les mutuelles sont si désireuses de remporter cette bataille sur les réseaux de soins, c'est qu'elles pensent qu'ils seront au coeur de leur activité future. comme l'explique Stéphahne Junique d'Harmonie Mutuelle. "Notre conviction est que les mutuelles joueront un rôle de véritable acteur global de la santé en développant une offre de soins et de services dans les domaines allant de la petite enfance jusqu'à la fin de vie, en passant par l'accompagnement des problèmes de santé", estime Stéphane Junique.

 Proposition de loi sur les réseaux de soins des mutuelles

Elle a pour effet de modifié l'article L. 112-1 du code de la mutualité qui est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Les mutuelles ou unions peuvent toutefois instaurer des différences dans le niveau des prestations lorsque l'assuré choisit de recourir à un professionnel de santé, un établissement de santé ou un service de santé membre d'un réseau de soins ou avec lequel les mutuelles, unions ou fédérations ont conclu un contrat comportant des obligations en matière d'offre de soins. »


La Tribune , Séverine Sollier | 20/11/2012

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